Lorsqu’un film sort au cinéma, on se demande souvent pour quelles raisons son titre a été traduit de telle ou telle manière. La traduction d'un titre de film fait souvent sourire. Mais que se cache-t-il derrière cette discipline souvent mal comprise ?
La traduction d'un titre de film, ou « retitrage » est une démarche souvent longue et complexe. En général, les titres de films sont soit adaptés au public francophone, soit laissés tels quels en anglais. Parfois, ils peuvent aussi être retraduits littéralement de l’anglais vers le français.
Au total, 57 % des 200 films américains sortis en France entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2010 ont été traduits en français. 43 % ont eu un titre anglais (35 % leur titre original, 8 % retitrés en anglais).
slate.fr
Traduire un titre de film : un véritable défi pour le traducteur
La traduction d'un titre de film représente un véritable défi pour tout traducteur. En effet, un titre de film est censé être un condensé d’environ deux heures du film. Il est censé être évocateur et expressif. Il doit également être politiquement correct pour la région visée par le distributeur.
Le traducteur a donc une multitude d'éléments à prendre en considération. Il faut faire attention aux jeux de mots, aux connotations culturelles, à la rythmique, etc.
Faut-il traduire littéralement, adapter, ou garder le titre original ? Bonne question ! Comment traduire un titre de film ?
Prenons l’exemple de la comédie « Knight and Day » de James Mangold, sorti en 2010.
Dans ce cas-ci, la version anglaise nous offre un jeu de mot. En effet, « knight » (homonyme de « night ») signifie en français « chevalier ». Le titre de ce film a posé un réel défi pour les traducteurs francophones : devaient-ils garder le jeu de mot en anglais ? Peut être… mais est-ce que le public ciblé par cette comédie dispose d’assez de connaissances en anglais pour comprendre le jeu de mot ?
Finalement, le choix final s’est arrêté sur « Night and Day ». Le jeu de mot est passé à la trappe mais le titre est certainement plus évocateur pour un public francophone.
CHECKLIST GRATUITE
Les secrets pour dénicher la meilleure agence de traduction
Quelles sont les différentes démarches ?
La première chose à savoir est que le retitrage ne se fait pas en fonction de la catégorie du film. Il s’agit à chaque fois d’une procédure unique à chaque film.
Toutes les entreprises de distribution cinématographiques traduisent ou adaptent les titres des films qu’ils distribuent.
Dans les entreprises indépendantes, telles que SDN, par exemple, après une longue discussion avec les employés, la décision revient au directeur marketing ou au directeur de la distribution.
Des sociétés plus petites, quant à elles, ne prennent pas la peine de faire adapter ou traduire le titre du film. En effet, leurs films ne seront que très peu diffusés. Dans ce cas, ne pas toucher au titre du film permet de minimiser les coûts liés à la sortie de ce dernier.
En revanche, la situation est tout autre dans les boîtes plus importantes telles qu’Universal Pictures. Généralement la branche française de l’entreprise se met d’accord sur un titre, mais doit attendre l’aval du siège social.
Parfois les branches de chaque pays doivent d’ailleurs respecter certaines directives provenant directement des réalisateurs ou des producteurs.
Un titre de film : une stratégie marketing
Le choix du titre de film s’inscrit dans une stratégie marketing. Et ce, au même titre que les campagnes publicitaires, les bandes annonces, ou encore les affiches. Le but est de vendre le produit, et donc d’attiser la curiosité du consommateur. Il est donc indispensable de respecter les impératifs commerciaux fixés par le distributeur.
« The Hangover » devient « Very Bad Trip »
Pourquoi est-il d’usage d'adapter un titre de film anglais en anglais ? Il s’agit là d’une question tout à fait légitime. De plus en plus de films au titre anglais adoptent un autre titre anglais choisi spécialement pour un public francophone.
« The Hangover » n’est pas un cas isolé. De nombreux autres films ont reçu le même traitement. Par exemple, « Into the Storm » est devenu « Black Storm », « Step Up » est devenu « Sexy Dance », et « No Strings attached » est devenu « Sex Friends ».
Cette démarche est encore une fois, purement commerciale. En effet, l’Amérique, et l’anglais sont à la mode, surtout chez les adolescents. C’est pourquoi les distributeurs n’hésitent pas une seconde à utiliser des mots tels que « America », « trip », « sex » ou « sexy », etc.
Le globish monte en puissance
Les distributeurs partent alors du principe que le public francophone ne maîtrise pas tout à fait la langue de Shakespeare. Cependant, ils en maîtrisent la version simplifiée : le « globish » (composée de 200 à 300 mots). Le but est donc de sonner « américain », tout en se faisant comprendre.
Dans ce contexte, les traducteurs évitent donc de préserver des termes compliqués ou plus techniques. Cela explique la démarche adoptée pour l’adaptation de « Knight and Day ».
Il arrive également que le distributeur garde le nom original à cause de son succès aux États-Unis. C’est le cas de films comme « The Revenant », « Dallas Buyers Club », ou encore « Paranormal Activity ».
Et le français dans tout ça ?
Même si l’anglais semble culturellement « cool » aux yeux des distributeurs cinématographiques, il ne faut pas oublier que de nombreux titres de films sont traduits en français. Il s’agit là encore d’une technique visant à toucher la grande majorité du public francophone.
Les films pour enfants sont un bon exemple. Ils sont toujours traduits vers le français. En effet, les enfants ne sont pas censés avoir une connaissance basique de l’anglais. C’est pour cela que les titres des films qui leur sont destinés seront en général en français.
C’est par exemple le cas pour le film « Finding Nemo », qui est devenu « Le Monde de Nemo » en français, ou encore « The Incredibles », devenu « Les Indestructibles ». Il existe cependant des exceptions, comme la trilogie « Toy Story », dont les titres de films n’ont pas été traduits. Sauf pour le Québec, ou le titre du film est devenu « Histoire de jouets ».
Cette démarche s’applique aussi pour les titres de films tirés de romans. Le titre en français correspondra presque toujours au titre du livre traduit. Par exemple, le film « The Fault in Our Stars » (version américaine), est devenu « Nos Étoiles contraires » en français.
Il existe cependant des exceptions, comme le film « The Reader », dont le livre s’appelle en français « Le Liseur », mais qui a tout de même gardé son titre anglais. Dans ce cas-ci, le distributeur craignait que « Le Liseur » donne une connotation trop intellectuelle au film.
Pour conclure, il semble évident que la traduction des titres de films n’est pas si évidente qu’on ne le pense. De nombreux éléments entrent en compte. Le traducteur doit donc jongler entre tous ces éléments, tout en respectant les impératifs commerciaux qui lui sont imposés.
Choisir de traduire en français, de trouver un équivalent en anglais, ou de simplement garder le titre original est donc difficile. Mais il s’agit finalement d’un choix généralement logique, mêmes si les adaptations de titres peuvent souvent en faire sourire certains !
CHECKLIST GRATUITE
Les secrets pour dénicher la meilleure agence de traduction